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« Je vous demande l’usage d’un apprenti fiable pour une mission indispensable pour le rayonnement de notre Ordre, et vous m’adjoignez … un traître ? »

Dame Senyandra, une humaine à la haute stature et à la peau diaphane, légèrement ocre sur les bords et striées de rides dues au côté obscur soigneusement camouflées par un maquillage tapageur formant un cône mauve au contour de ses yeux, la dernière mode sur Dromund Kaas, engoncée dans une large robe rouge cérémonielle aux bords évasés, fusillait du regard le Seigneur Dromak, l’un des instructeur de Korriban ayant traité sa demande et qui maintenait un calme olympien derrière son masque en fer forgé cachant le visage simiesque d’un zabrak défiguré plusieurs années auparavant par un rival quelque peu soupe-au-lait et porté sur la torture dans ses appartements privés. Depuis que Senyandra était intervenue et avait dénoncé l’autre, les deux siths avaient gravi bien des échelons, et pouvaient se qualifier d’amis, si tant est que le terme ait un quelconque écho au sein de leur Ordre. Pour autant, à cet instant, rien de tel n’existait entre eux. L’humaine était tout simplement furieuse, et la tension était telle dans le petit bureau de l’Académie que l’air paraissait crépiter autour de la Dame Violacée, ainsi qu’on la surnommait parfois, son humeur mauvaise se manifestant à travers les particules dérangeantes de son pouvoir.

« Pas exactement. Mantis est un imbécile certes … Mais son apprenti a l’avantage d’être un idiot aussi docile qu’inepte. Il pourrait apporter beaucoup à l’Ordre … à condition qu’il n’ait pas été corrompu par les préceptes de son maître, évidemment. Je ne le crois pas, pour autant, et la plupart des professeurs de l’Académie sont de mon avis. C’est le genre … hum … brute épaisse, incapable de comprendre quoi que ce soit à nos délicates et complexes machinations. C’est aussi une formidable machine de guerre, formidablement douée pour le Juyo et obéissante au possible. Sur ce point, Mantis l’a bien formé.

Nous aimerions qu’il soit testé, d’une manière ou d’une autre, pour savoir si nous devons l’éliminer aussi. Et quoi de mieux que votre férule aiguisée et éclairée pour mener cela à bien, ma chère ? »


« Mantis doit mourir. Et je n’ai que faire d’un poids mort à traîner. »

« Et il mourra, ne vous en faites pas. Défier la Dame Noire a toujours des conséquences. Cette fois ne fera pas exception. Mais pourquoi se priver d’une ressource potentiellement précieuse ? Et quelle meilleure vengeance que de prendre son précieux apprenti pour le façonner à notre guise ?
Au pire, vous aurez un larbin qui crèvera dans les marais, et vous aurez économisé du temps en l’envoyant au-devant des ennuis. Au mieux, vous aurez découvert ce que vous cherchez, et moi, j’aurais un apprenti intéressant à briser.

Et puis … Voyons ma chère, l’on connaît votre goût pour les jeunes éphèbes. Un adolescent épicanthix ne serait-il pas à même de vous satisfaire ? »


L’espace d’un instant, les pupilles dorées de l’humaine se rétrécirent, comme si elle jaugeait les paroles de son interlocuteur, dardant son regard perçant et pétri d’obscurité sur ce dernier, cherchant manifestement à démêler le vrai du faux dans ses dires. Après tout, elle avait bel et bien besoin d’un larbin dont la survie ne serait pas vraiment la priorité. Les chances de mort n’étaient pas négligeables. Ce serait une vraie épreuve pour déterminer si Mantis avait réussi au moins une chose pour l’Ordre dans sa piètre vie.

« C’est d’accord. »

« Je savais que vous verriez les avantages à ce petit marché, ma chère. Il vous attend à la sortie de ce bureau. Vous le reconnaîtrez sans trop de peine, je crois. »

Le ricanement de Dromak arracha un haussement de sourcils interrogateur, mais le zabrak masqué n’en révéla pas davantage, continuant à afficher un sourire sardonique qui, de l’expérience de Senyandra, était l’annonce d’une particularité de son apprenti temporaire. Elle ne connaissait que trop les tics du sith en face d’elle, et le voir rire ainsi avait piqué sa curiosité. Qu’avait-il donc de si particulier, ce jeune garçon, pour aiguiser ainsi la moquerie mordante du Seigneur le plus acerbe et piquant de Korriban ? Elle n’allait de toute façon pas tarder à la découvrir. Prenant congé, l’humaine sortit, ses bijoux dorés, reflet de ses yeux si étranges, tintinnabulant doucement autour de ses poignets, de ses chevilles et de son cou, produisant une sorte de mélopée aussi douce que funeste.

Une haute silhouette paraissait l’attendre, un capuchon sombre couvrant son visage, tandis qu’une armure noire couvrait l’essentiel de sa stature imposante. D’après Dromak, le gamin avait tout au plus quinze ans, pour autant, il la dominait déjà d’une bonne tête, et l’humaine était plutôt grande. Large d’épaules, elle le devinait musclé sous le tissu moulant ses avant-bras, ce qui attisa momentanément ses désirs cachés, avant que Senyandra ne se reprenne, non sans sentir l’ombre d’un sourire naître sur sa face craquelée et blanchâtre.

« Apprenti, je suis Dame Senyandra. Révèle-toi à moi. »

S’inclinant, l’inconnu joignit ses mains en guise de salutations formelles, avant d’abaisser son capuchon et de murmurer d’une voix atone, monocorde, vide de la plus quelconque intonation, presque semblable à celle d’un automate :

« Je suis l’apprenti Silthar. C’est une joie de vous servir, Votre Seigneurie. »

Immédiatement, en apercevant la face odieuse en face d’elle, Senyandra comprit ce que Dromak avait voulu dire. Silthar était hideux. Son faciès était une insulte à tout ce qu’il y avait de beau dans la galaxie, en même temps qu’une ode étrange au pouvoir du côté obscur. Boursouflé, parcouru de nodules de chairs à vif, alternant entre le rougeâtre et le grisâtre par endroit, ce visage était la quintessence d’une brûlure que seul le contact prolongé avec des Eclairs de Force provoqué. C’était comme si l’épicanthix avait été marqué au fer rouge, plongé dans des cendres fumantes et qu’il en avait gardé l’impact. Le pire ? Il aurait pu être joli garçon, sans doute, au vu de ce que le reste de sa personne laissait deviner. Mais la cicatrice était bien trop importante pour qu’elle fut ignorée, même si, au milieu de ses ravages indélébiles, la sith trouvait presque une forme de beauté, d’art que seuls ceux versés dans les sciences occultes de la Force pouvaient réellement comprendre ou envisager.

« Suis-moi. Nous avons une longue route à faire jusqu’à Dromund Kaas. »

Sans dire un mot, le colosse la suivit. Docile, en effet …
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La navette dans laquelle Yun ressemblait davantage à un petit croiseur personnel, autant en raison de son opulence que de sa taille, cependant, l’épicanthix s’abstint de tout commentaire. Depuis le temps, il avait appris à se taire en présence des Seigneurs et Guerriers sith de rang supérieur. Son dernier éclat de voix lui avait trop coûté pour qu’il n’ait pas appris la prudence en présence de ces êtres aussi fous que puissants. Survivre, voilà tout ce qui lui importait, quand bien même, dans le confort de son esprit inviolable, le jeune homme souffrait de cet état de fait, conscient que son existence n’était qu’un simulacre de vie, tout entier tourné vers la préservation de sa misérable peau. Il était vide. Il était une coquille sans âme, un instrument tout entier dévoué à la tuerie, à l’assassinat, ainsi que son maître et les professeurs de l’Académie l’avaient voulu. Et il ne doutait pas que c’était précisément pour cela qu’on l’avait mandé.

« Assieds-toi, apprenti. »

Toujours silencieux, le colosse fit comme on lui demandait, et se laissa tomber sur un divan couvert d’une sorte de fourrure d’animal teinte en bordeaux qui jurait horriblement avec la décoration tapageuse par ailleurs du reste du vaisseau. Manifestement, il était bel et bien dans le bâtiment personnel de cette Dame Senyandra, qu’elle avait organisé selon son goût pour le moins particulier. Yun se demandait bien ce que cette femme lui voulait, pour autant, il connaissait parfaitement où était sa place, et n’avait évidemment pas interrogé le Surveillant Dromak quand ce dernier l’avait convoqué pour lui expliquer ce qu’il attendait de lui. Etre assigné personnellement à un Seigneur pouvait être vu autant comme un honneur qu’une punition, suivant le caractère du sith en question. Pour l’épicanthix, indubitablement, prisonnier de ses doutes intérieurs, cela s’était toujours apparenté à une torture. Ces êtres le terrifiaient. Ils possédaient tous la capacité de le tuer d’un simple claquement de doigt, et il savait mieux que quiconque que ce n’était pas une façon de parler. Surtout, plus le temps passait, plus il avait conscience du caractère déviant de ses pensées personnelles, et donner le change devenait chaque jour plus compliqué. Qu’un seul devine ses tourments, et il était perdu.

« Tu es l’élève de Darth Mantis, n’est-ce pas ? »

« Oui, Dame Senyandra. »

« Je dois avouer qu’il ne manque pas de goût pour une fois. »

Yun encaissa le compliment sans broncher, ne sachant guère à quoi s’attendre, et ce qu’il devait lire dans ces quelques mots. Les Seigneurs siths avaient toujours tendance à parler par double sens. Devait-il comprendre là le dévoilement d’un appétit peu déguisé, ou bien quelque chose de plus pervers encore ? Il n’en savait rien, encore une fois, mais les deux perspectives lui arrachèrent un frisson imperceptible. Cette femme et son regard maculé de mauve le mettait définitivement mal à l’aise, surtout alors qu’il avait l’impression horrifiante que ses pupilles jaunes cherchaient à percer les secrets de sa conscience. Ironiquement, il avait partiellement deviné juste, puisque la femme finit par lâcher un soupir avant de dire, tout en se servant un verre d’un liquide rosé :

« Ainsi, ce qu’on dit des épicanthix est bel et bien vrai. Ton esprit est fermé. Quelle merveille de la nature … »

Sa voix était presque fascinée, docte, scientifique, et, un bref instant, Yun redouta qu’elle ne prenne un scalpel pour découper son cerveau et l’étudier sous toutes ses coutures. Pour autant, l’option ne prit finalement pas forme, et la femme s’assit en face de lui avant de demander d’une voix posée :

« Est-ce pour cela que Darth Mantis t’a choisi ? »

« Il a pensé que je pourrais lui être utile, Dame Senyandra. »

La réponse était prudente, calibrée, et n’engageait à rien. Purement formelle, elle correspondait au modèle de l’étiquette sith, et arracha un sourire amusé à son interlocutrice. Brute épaisse … Peut-être pas uniquement. La plupart des apprentis les plus sanguinaires qu’elle avait côtoyé se souciaient peu des conventions. Pour elle, beaucoup étaient à vrai dire mal dégrossi. Point de vue d’esthète, se plaisait-elle à répéter, même si l’entretien de cette piétaille était indispensable à la croissance de l’Ordre. Silthar la surprenait agréablement, cependant … Ce qui ne le rendait que plus dangereux.

« Connais-tu Revan, Apprenti ? »

« Oui, Dame Senyandra. »

« J’ai découvert qu’une relique lui appartenant demeurait encore sur Dromund Kaas, du moins, potentiellement. L’obtenir sera un privilège pour l’Ordre sith, et satisfera grandement la Dame Noire. Notre tâche consiste donc à la trouver, et à suivre la piste que j’ai découverte durant mes recherches.

Ton rôle consistera donc à m’assister. »


Yun hocha la tête, peu sûr de la suite. Qu’est-ce que cette femme attendait exactement de lui ? S’il pensait que la sith allait répondre à cette question informulée, il n’en fut rien, car elle se leva puis s’éloigna d’un pas gracieux, en soufflant :

« Suis-moi, apprenti. Que je sache ce que tu vaux en-dehors d’un piton d’entraînement. »

Sa robe pourpre caressait le sol, tandis que le bruit de ses sandales tapant le sol se répercutait dans tout le vaisseau. Ses yeux s’étaient allumés d’une lueur concupiscente, et Yun la suivit, affichant toujours une mine imperturbable, et priant simplement en son for intérieur pour que le voyage ne soit pas trop long … pour qu’il n’ait pas trop longtemps à supporter les actes que Senyandra allait lui imposer. Dans un claquement sinistre, la porte du salon de la navette se referma derrière lui, et il avança comme un robot vers la spacieuse cabine de l’humaine qui l’avait précédé … et l’attira à elle de sa main gantée.
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L’arrivée sur Dromund Kaas fut un soulagement, et Yun s’extirpa de la navette d’agrément avec une reconnaissance sans nom pour le pilote qui venait de les déposer. Il avait fallu passer toutes les sécurités pour parvenir à se poser, car Darth Ynnitach ne tolérait guère d’intrusions intempestives au sein de son domaine, et l’administration planétaire sous sa tutelle contrôlait d’une main de fer toutes les entrées et sorties de son territoire. Arrivés à l’astroport, l’épicanthix fut immédiatement confronté au débarquement d’une cargaison d’esclaves pour l’une des bétaillères de la Dame Noire, l’aspect misérable de ces malheureux lui tordant le ventre momentanément, bien qu’il n’en laissât rien paraître, un élan de pitié se formant au creux de son estomac alors qu’il voyait les surveillants tâter du fouet pour faire avancer les plus récalcitrants. Peut-être l’un d’entre eux, parmi les plus jeunes, aurait-il la chance de naître avec la Force, d’échapper à cette existence en intégrant l’Ordre sith …

Immédiatement, cette pensée déclencha chez l’adolescent une violente nausée. Qu’était-il donc devenu, pour souhaiter à son prochain une existence entière de servitude pour une autre cause, de souffrances et de mort au nom d’une ambition contestable de domination ? N’y avait-il plus rien de bon en lui pour qu’il désire que d’autres connaissent les mêmes affres que lui ? Assurément, il était en train de se transformer, de se laisser pourrir de l’intérieur par les siths. Bientôt, il serait comme eux. Bientôt, il serait comme son maître, et il n’y pourrait rien. Mais que faire ? Fuir lui paraissait impossible, inimaginable. Et, quelque part, il craignait encore trop de perdre la vie pour parvenir à se résoudre à l’ultime sacrifice. Oui, Yun était un lâche, de la pire espèce, et il se détestait pour cela. Instinctivement, il sentit la colère se déverser en lui, la haine le brûler tel un encens incandescent dévastant ses veines alors qu’il s’apitoyait sur son sort ridicule.

« Toi aussi, ils te font horreur ? Ces bêtes nous sont tellement inférieures. Heureusement, il en sort parfois un apprenti convenable … Et ils nous servent bien. Sans eux, nous n’aurions pu reconstruire petit à petit notre grandeur passée. »

Yun hocha la tête, ne sachant que répondre, étant incapable même de répondre. La gorge nouée, il observa l’humaine, qui finit par détourner les talons. Silencieusement, il la suivit, ravalant sa hargne, l’enfouissant au fond de son cœur avec désespoir, tandis que les cris de douleur s’apaisaient et se perdaient dans le lointain à mesure que la distance croissait entre eux et le cœur de l’astroport.

« Tu es né esclave, apprenti ? »


« Non, Dame Semyandra. Mes parents étaient marchands. Je suis né sur Bakura. »

« Eh bien, Mantis est allé te chercher à l’autre bout de la galaxie. »

Le commentaire était simple, songeur presque, et Yun se demanda une nouvelle fois s’il avait répondu correctement, si tant est qu’il existait une bonne réponse à une telle question. Il avait l’impression étrange que Semyandra cherchait à le tester, pour une raison qui lui échappait complètement. Etait-ce une épreuve déguisée de l’Académie ? Peut-être. Avec les instructeurs, difficile de savoir à quoi il devait s’en tenir, et ce en toutes circonstances. Parfois, il devait avouer ne pas savoir à quoi s’en tenir. L’imprévisibilité était la règle à Korriban, et de tous temps.
Bientôt, ils furent sortis de l’astroport et Semyandra accosta un autre humain avec lequel elle échangea quelques mots, ce dernier finissant par pointer du doigt un bâtiment non loin. La femme le planta là et se dirigea à grandes enjambées vers la direction indiquée, Yun la suivant derrière, telle une ombre colossale ne pouvant se détacher de sa maîtresse. Là, elle prit un airspeeeder et lui indiqua les commandes tandis qu’elle s’installait sur la banquette arrière. L’épicanthix enfourcha l’engin, mit les moteurs en marche et dans un vrombissement, la bécane s’éleva pour foncer sur les sentiers tortueux s’éloignant de Kaas City. Le temps à partir de cet instant lui parut infiniment long. Quelque fois, la sith sortait de son silence pour le guider ou entrer de nouvelles coordonnées dans le tableau de navigation, mais restait la plupart du temps profondément concentrée, en méditation, laissant à son pilote tout le loisir de penser pour lui-même, ses réflexions étant seulement dérangées par les bruits de la jungle. Au bout de deux heures, une pluie torrentielle se déclencha, trempant le malheureux jusqu’aux os, son armure noire lui collant rapidement à la peau.

En fin d’après-midi, enfin ce qu’il estimait être la fin d’après-midi puisqu’il était difficile d’estimer le temps écoulé en raison de la pluie continuelle, ils parvinrent à leur but, qui s’avérait être un marécage aussi sombre que pestilentiel, l’odeur d’algues pourries torturant les narines de Yun au point de lui provoquer un haut-le-cœur, ce qui parut amuser grandement son accompagnatrice, qui s’extirpa d’un bond souple de l’airspeeder, manifestement insensible au déchaînement des éléments. Elle se dirigea vers le marais, s’assit … et se mit à méditer, projetant son esprit tout autour d’eux, et ne semblant guère se préoccuper de l’apprenti qui l’accompagnait, ce dernier grelottant dans l’atmosphère humide de Dromund Kaas. Résigné, Yun s’assit … et attendit.

Soudain, un craquement le sortit de sa torpeur. Quelqu’un, ou plutôt quelque chose les observait. Les sens en alerte, Yun se releva, projetant sa conscience aux alentours, traquant leur chasseur … Quand une forme féline bondit en avant. Presque par réflexe, le garçon se jeta devant la sith en méditation, percutant la bête de plein fouet, s’abattant de tout son poids sur cette dernière. La lutte qui commença s’annonçait particulièrement âpre, les crocs de l’animal en furie s’abattant à quelques centimètres du visage de l’apprenti, tandis que ce dernier essayait désespérément de récupérer son sabre à sa ceinture, avant d’y renoncer pour asséner un coup de poing sur le mufle de la chose, tentant de se dégager et d’échapper à ses griffes qui lui lacéraient la poitrine.

Au moment où il se croyait perdu, il sentit soudain la pression sur son torse diminuer, et rapidement, la bête fut soulevée dans les airs, poussant des petits miaulements d’agonie tandis qu’une main invisible se refermait sur sa gorge. L’Etranglement de Force était une technique sans pitié. Au bout de plusieurs minutes, le félin cessa peu à peu de se débattre et finit par pendre dans les airs, pitoyable. Avec un bruit sourd, il s’écrasa par terre alors que la poigne d’acier se desserrait brutalement, mort. Reprenant son souffle en ahanant lourdement, Yun éructa en direction de la sith qui rabattait son bras préalablement tendu :

« Merci … »

« Tu m’es plus utile vivant que mort, apprenti. »

Et elle se détourna pour examiner à nouveau le marais.
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Après un temps qui lui parut infiniment long, Yun entendit soudain Senyandra pousser une exclamation de joie. L’air autour d’eux crépita sourdement, comme si la sith avait expulsé dans son bonheur une gerbe de son pouvoir et qu’il se répercutait tout autour d’eux. L’impression était vraiment étrange. En observant sa silhouette mince et sans âge trépigner presque comme une gamine, l’épicanthix se demande qui était vraiment cette femme. Quel était son passé ? D’où venait-elle ? Quoique, à voir son air quand elle lui avait demandé s’il avait été esclave, et son port quasiment royal, il subodorait qu’elle fut issue d’une de ces anciennes familles siths qui avaient survécu même après la sanglante purge opérée par la République plusieurs centaines d’années auparavant. Ils s’étaient accrochés à leur tradition, perpétuant une culture dont les principaux acteurs avaient été exterminés. Beaucoup de ces siths traditionnels prétendaient d’ailleurs descendre de ces êtres légendaires à la peau rouge et aux arêtes osseuses. Le menton en pointe de l’humaine, très anguleux, ainsi que les petites aspérités que l’adolescent avait remarquées depuis qu’il l’observait confirmaient son diagnostic. Quant au reste … Quel âge avait-elle ? Impossible de le savoir. Extérieurement, elle paraissait en pleine maturité, il lui aurait donné la trentaine sans barguigner s’il ne savait pas que le côté obscur avait autant tendance à conserver qu’à laisser pourrir. Mais la vérité, c’était que la sith était tout simplement sans âge. Elle était à la fois décatie et jeune, comme si le temps n’avait tout simplement plus d’emprise sur elle. Elle était le paradoxe vivant né du côté obscur, à la fois rongé par ce dernier et maintenue au fait de sa gloire, de sa puissance, par ce dernier.

« Apprenti, viens là. Et prépare-toi. »

Se préparer à quoi ? Yun n’en avait pas la moindre idée, cependant il sentit l’appréhension le gagner tandis qu’une lueur inquiétante brillait dans les yeux de sa supérieure, qui paraissait à présent plus excitée qu’elle ne l’avait jamais été, son visage était agité de tics et de tremblements nerveux alors que ses mains se refermaient dans le vide sans rien tenir. Une fois à hauteur, il observa le marais devant lui, qui lui parut toujours aussi peu engageant, et ne put réprimer un frisson d’horreur quand sa comparse entreprit de lui expliquer ce qu’elle attendait de lui.

« Il y a un passage vers une grotte sous l’eau. Tu vas devoir aller jusqu’au centre du marais, en droite ligne à partir d’ici, et plonger. Je te donnerai un respirateur. Puis tu devras trouver cette entrée, et je te localiserai à l’aide d’une balise que je vais t’accrocher. Tu as compris, apprenti ? »

Terrifié par la perspective de mourir noyé dans cet enchevêtrement immonde d’algues pourries et de bestioles inconnues mais sans doute peu disposées à partager leur foyer, Yun écarquilla ses yeux, incapable d’éructer le moindre mot.

« Réponds ! »

Le coup de semonce avait retenti, et déjà la sith dardait sur lui un regard mauvais, dangereux, la pointe de ses mains crépitant lentement. Paniqué par cette vue qui lui rappelait tant de mauvais souvenirs, désorientés, l’épicanthix hocha frénétiquement la tête, et la femme parut se détendre … avant de lui tendre le petit engin qu’il devait caler dans sa bouche pour lui permettre de respirer, semblable à une petite flûte traversière accolée à ses dents. De ses doigts gourds, Yun mit l’objet en place, vérifia qu’il était bien fixé … Et fut soudain violemment projeté dans l’eau par une poussée de force qui l’aplatit dans la boue des marais, face contre terre. Fini de rire. Il était temps qu’il fasse sa part du travail, de gré ou de force, cela, il l’avait bien compris. Se relevant comme il le pouvait, l’apprenti pataugea à grand peine droit devant lui, jusqu’au centre du lac, et bientôt, lui arriva jusqu’à la taille. C’était probablement là qu’il devait s’immerger. Son regard gris sonda l’écume noirâtre devant lui et précautionneusement, il se laissa couler.

Lorsqu’il rouvrit les yeux, son premier réflexe fut d’éructer un léger cri de douleur en raison de l’acidité du marais qui lui brûlait la cornée, avant qu’il ne s’étouffe bruyamment, car son geste avait dérangé le respirateur. Rapidement, il le remit en place, luttant contre l’eau marécageuse et les filaments d’algue qui s’attachaient à ses membres, avant de commencer à nager à tâtons, cherchant un but qu’il ne connaissait même pas. Il eut l’impression d’errer pendant des heures, alors que quelques minutes à peine s’étaient écoulées. Et enfin, après ce qui lui parut être une éternité, il eut l’impression de trouver ce qu’il cherchait : un passage calfeutré par des algues qui reflétait la lumière, celle-ci ne pouvant venir que de l’extérieur.

De ses bras puissants, il nagea jusqu’à cet endroit … Pour voir soudain les algues se jeter sur lui comme des lianes, manifestement emplie de puissances obscures, et tenter de l’écarteler ! La douleur fut intense, insoutenable, et bientôt, il se débâtit avec la force du désespoir pour arracher un de ses bras à l’emprise de ces plantes immondes. La chance, ou la Force, le sauva, puisqu’il parvint à allumer son sabre laser qui trancha une des lianes animées, le libérant de son carcan. Immédiatement, il attrapa son arme et entreprit de lacérer furieusement son ennemi verdâtre, se frayant un chemin dans la nasse en matraquant de véritables coups de boutoir aquatiques. Se faufilant par une ouverture ainsi taillée à la pointe du sabre, il longea un long tunnel et émergea à son bout dans une grotte, à bout de souffle. Se traînant en dehors de l’eau, il sortit son comlink et siffla d’une voix mourante à celle qui l’attendait :

« Dame Semyandra … Je suis passé … »

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